- Ce qui m’a plu :
o Les mouillages dans des criques magnifiques, à Blanquilla, aux Roques et aux Aves, à Antigua, Barbuda, à Vieques, en général les paysages qu’offre la mer
o Le contact avec les autres bateaux, on a vite le sentiment d’appartenir à une communauté exclusive de ce qui l’ont fait, qui osent la vie à bord : un club chaleureux où on n’est pas évalué par son métier ou ses revenus, où l’entraide est le maître-mot (des inconnus jusqu’à une heure plus tôt trifouillent tes moteurs toute la soirée pour te dépanner…) et où on peut tisser en peu de temps des liens forts et faire des rencontres inoubliables (John, es tu arrivé en Alabama ?)
o Avoir appris à naviguer en tant que skipper
o Le contact avec la population au Vénezuela (les pêcheurs aux Testigos, l’école d’Elisa…) et à Porto Rico
o Vivre en Crocs, shorts et t-shirt
o Les snorkeling à Blanquilla, aux Roques, aux Îles Vierges, à Petit Tabac
o La visite de certaines îles (Grenade, Dominique, Sainte Croix…)
o La visite de nos amis qui ont pris la peine de venir nous voir et de partager cette expérience avec nous
o Les bonnes performances de Wahoo à la voile (sauf au près…)
o Certaines navigations (mais pas toutes !)
- Ce qui ne m’a pas plu :
o La tension régnant souvent à bord et les difficultés de la vie à bord à deux au long cours ; les sujets d’engueulade sont multiples : le mouillage (et la remontée du mouillage), le choix de la route, l’allure, le programme de la journée… jusqu’à la cuisine et au fait que je ne nettoie pas le poisson. Et puis le mode de lutte aux moustiques, les trajets en annexe… De quoi douter qu’on est fait pour vivre à deux sur un bateau
o Le départ de Baptiste : notre ado de service ne s’est pas adapté à la vie à bord et au Cned et n’a pas montré grand intérêt à la pratique de la voile
o Le cambriolage subi à la marina de Pointe à Pitre au tout début du voyage
o Les ennuis mécaniques répétés
o Le manque d’électricité à bord
o La bureaucratie tatillonne des pays hispaniques (Rép. Dominicaine et Vénézuela ) : il faut souvent huiler les rouages…
o La leptospirose
o Les batailles avec l’antenne wi-fi, les difficultés pour trouver un réseau ouvert à portée, les interminables (et intempestives !) mises à jour de Windows une fois qu’on l’a trouvée – vivement une solution pour l’internet à bord abordable !
o Les catamarans qui ne remontent pas au près, on se retrouve obligé de faire du moteur face au vent et à la mer, pour une navigation désagréable et inconfortable
- Ce qui m’a surpris :
o En positif : notre adaptation aux contraintes de la vie à bord (eau, électricité, avitaillement, lessives…)
o Encore en positif : Porto Rico, par la gentillesse des habitants, la beauté des Îles Vierges Espagnoles, de San Juan, le coût de la vie raisonnable, l’efficacité US unie à la chaleur d’une population latine
o En négatif : le manque de fiabilité des bateaux en général. Chaque bateau qu’on a connu et qui navigue souffre en permanence de petites ou grosses pannes, disfonctionnements divers etc., et doit faire objet en permanence des soins amoureux de son équipage. Chaque négligence dans l’entretien est rapidement sanctionnée par une panne, de la casse… Je dirais qu’on est au niveau de l’industrie automobile dans les années 20 / 30
o En négatif à nouveau : toutes les navigations ne sont agréables, loin de là ! La météo est parfois trompeuse, le vent est plus faible ou plus fort que prévu, moins bien orienté, la mer peut être hachée… Et si la navigation se prolonge, l’ennui peut se pointer
o Les journées passent rapidement sans avoir fait rien de spécial : comment arrive-t-on à caser tant de choses dans la vie de terriens ?
- Si c’était à refaire :
o Le choix de la location plutôt que de l’achat / revente est confirmé : beaucoup d’aléas et peu d’intérêt économique pour la deuxième solution, qui en plus impose des contraintes logistiques pour l’achat, la préparation et la revente du bateau. Néanmoins gardez en tête qu’un bateau de location n’est pas toujours entretenu et équipé comme celui d’un propriétaire et que les qualités de mécanicien du capitaine seront sollicités en permanence.
o Le choix de la zone de navigation est confirmé : d’accord, on n’y navigue pas toujours au travers (en fait, presque jamais), la houle océanique en fait ressemble plutôt à un bon clapot méditerranéen, mais c’est quand même un des plus beaux terrains de jeux pour faire de la voile, même pour des marins débutants comme nous étions
o Le choix d’un catamaran est confirmé : vitesse, espace et confort supérieurs à la plupart des monocoques. Reste le problème de la remontée au près et le manque de sensations à la barre ; mais le problème principal est que ce sont des bateaux plus onéreux à l’achat comme à la location et à l’entretien. Wahoo, notre Nautitech 40, s’est révélé marin et a des performances parmi les meilleures entre les catamarans « familiaux » sans dérives. Par contre, nous aurions mieux fait de négocier des panneaux solaires supplémentaires ou une éolienne à la place du déssalinisateur dont nous ne sommes pas servis.
o Les choix des formations : nous avons fait deux stages, médecine en mer et sécurité / survie à bord. Bien que pas indispensables, nous les avons trouvé très utiles, et en plus nous y avons fait des rencontres intéressants (dont nos amis de Scorff) et on y échange beaucoup d’informations et d’expériences même en dehors des thèmes traités. Un avant-gout des rencontres en bateau. Selon les niveaux de (in)compétence, des formations de mécanique et d’électricité peuvent aussi être utiles. Pour une navigation dans les Caraïbes, une formation en météorologie ne semble pas indispensable.
o Les moyens de communication : dans les Caraïbes le téléphone portable passe quasiment partout, mais nous avons bien apprécié notre satellitaire Iridium (merci Dominique et Michèle) au large du Vénézuela. L’idéal serait la nouvelle génération avec interface USB qui permet l’échange de mails et la récupération de fichiers grib pour la météo. Pour internet, une antenne externe wi-fi permet de se connecter dans pas mal de mouillages, et, en plus de garder le contact avec les proches, d’avoir la méteo à jour. Mais pourquoi dans les îles françaises les réseaux sont quasiment tous verrouillés (mais il existe des logiciels qui permettent de pallier au problème..) tandis que sur celles anglaises ils sont majoritairement libres ?
o Les compétences marines : nous avions des notions de base et peu d’expérience de navigation (mais une longue pratique de planche à voile pour moi, et ça aide…) ; un stage de navigation en catamaran nous a aidé a prendre confiance en nous. En mer, beaucoup est aussi question de prudence et de bon sens : la navigation entre îles est assez facile et rien n’oblige de partir loin avant d’avoir bien pris en main le bateau (j’estime un mois de petit cabotage pour une bonne pris en main). De plus, pour nous aider et nous rassurer au départ (qui se faisait en saison cyclonique avec nombreux grains) nous avions à bord notre ami Guad, qui nous beaucoup appris même en termes de vie à bord et a partagé avec nous les longues navigations vers le Vénézuela.
L’avis de la femme du capitaine :
Je partage l’ensemble des impressions sur capitaine, y compris sur le dicton une année à bord équivaut à trois ans de mariage… J’évoquerais un autre point, l’école. Le niveau de contraintes et de stress à bord est directement proportionnel à l’adaptation ou non des enfants et des parents à la pédagogie du Cned.
Cette année nous a permis de vivre en harmonie avec la nature, de la découvrir, de la respecter et de la transmettre à nos enfants.
Nous avons tous découvert la mer puis que nous habitions dessus et elle nous a séduit. Mario a gagné ses galons de capitaine sur catamaran dans les Caraïbes et en semi hauturier et semble prêt à affronter une transat et le pacifique ; un jour... Elisa a essayé la planche à voile, l’optimist, le ski nautique, maîtrise la barre à 25 nœuds de vent avec des vagues de 2 mètres et dirige d’une main sûre l’annexe. Elle sait également s’occuper lors des navigations et ça peut être long les navigations… Emilie sait qu’elle apprécie un bateau rapide (5 nœuds au moins), la mer plate (elle ne l’a jamais été…), la navigation à la voile au travers (le vent a souvent été de face malheureusement et nous avons fait beaucoup de près !!!). Emilie gère son mal de mer et tout le reste car ce qu’elle aime sur le bateau, c’est cette grande liberté et la vie en plein air.
Cette année a été difficile. L’adaptation et les changements de fond à une vie austère, au CNED et l’espace de vie restreint ont eu raison de la cellule familiale dans ce projet. Nous avons eu à bord nos plus belles engueulades de couple et avec les enfants. Nous avons fait le choix d’écouter Baptiste qui s’ennuyait à bord et de l’envoyer chez ses grands parents au Havre pour 6 mois. Ce n’est pas le bon âge pour partir car on rencontre peu d’ado sur le parcours et le CNED est extrêmement contraignant De plus, Baptiste ne s’est pas passionné pour la voile. Nous avons pu partager au quotidien cette expérience unique pendant trois mois. En juillet, nous nous sommes, tous, retrouvé avec plaisir pour des vacances aux grenadines. La complicité entre frère et sœur s’est renouée immédiatement.
En ce jour de retour vers la métropole, je suis fière d’avoir porté ce projet au sein de notre famille et heureuse de ce que nous y avons trouvé. Nous nous retrouvons, les enfants et les parents riches d’une expérience de vie sur la mer. Chacun à bord a appris la navigation et à respecter ce que la nature nous offre, développé son autonomie/indépendance (logistique et intellectuelle) et ses capacités d’adaptation, approfondis ses limites et sa connaissance de soi et de l’autre au sein de la famille, pu confronter sa vision à d’autres perspectives. Et en plus, nous y avons gagné plein d’amis.
Reste à voir comment se passera notre retour…
En tous les cas, merci à tous ceux qui nous ont accompagnés dans la préparation de ce projet, ont partagé notre aventure, en ont permis la réalisation (merci à l’équipe en charge de Wahoo). Nous n’oublions pas que sans notre base arrière, la vie ici aurait été impossible alors merci du fond du cœur à Nanou, Bernadette et Jean Claude, Nancy, Cyril, Pierre et Sylvie et Ludovic.
Ainsi s’achève notre parenthèse et se tourne une page de notre livre de bord. Point à pitre le 14 août 2011.